mercredi 18 mars 2009

La nuit-soleil

Une contribution de Jean-Pierre Crèvecoeur


Mais qu’elle aura lue


Mireille
a pris le dernier train
et le dix-sept août 1967, à l’aube
de l’express qui la ramène de Paris vers Toulouse
elle ouvre une porte et saute


et tombe
sa chute a été mortelle
mais Mireille
a laissé ici-bas ses larmes
et le début d’une œuvre


une grande œuvre littéraire
(un peu comme tous ces poètes
ces peintres et autres artistes
hachés menu dans les boyaux de Verdun
- l’acivilisation )


Mireille
serait vieille aujourd’hui
un peu comme tous ces soldats
de Verdun ou d’ailleurs
qui auront vingt ans pour toujours


Mais Mireille
m’ensorcelle
- du bout de son nulle part
j’ai l’impression
qu’elle regarde


ma main qui écrit
et trace
un rêve insensé que je ne comprends pas


cette poésie, en somme,
à jamais méconnue
même de moi – dans dix ans
mais qu’elle, Mireille, aura lue !


Il est amusant de constater qu’en écrivant ce texte, je n’avais aucune idée de le faire publier. C’était une sorte d’affaire privée entre un fantôme et moi. Mais ce texte me paraît aujourd’hui bien lourd, bien maladroit, et je regrette de n’avoir pu lui substituer « Mireille », dans le recueil [Les Poésies de la nuit-soleil]. Par contre, je tiens toujours beaucoup à cette orthographe étrange, l’acivilisation, construite sur l’alpha privatif.

Mireille

de l’or de tes cheveux
au ciel de tes yeux
du parfum de ton corps
à ta toison d’or
je suis un voyageur


du silence de la pierre
qui porte ton nom
jusqu’à l’amant magnifique
que tu nous as laissé
je rêve


par le sourire de celle
qui seule a le secret
de mon bonheur
- par ses mains
je t’aime

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire