jeudi 28 juin 2012

Toute la différence entre Albertine Sarrazin et moi est qu’elle est morte


 Mireille Sorgue a écrit cette phrase glaçante, qui lui accorde seulement de vivre, en août 1967, quelques jours avant son suicide. Albertine Sarrazin était morte depuis un mois. Mireille possédait deux écritures. Une écriture réglée, disciplinée, sage, une écriture de dissertation et de correspondance, aux jolies lettres, aussi répétitives que des pâquerettes, bellis perennis,  une écriture venue des maîtres (sa mère puis son père, instituteurs et directeurs d’école). Et une écriture libre, soumise au vent de ses pensées et de ses sentiments, qui pouvait se dérouler dans la page comme une fougère ou s’envoler avec un cri, comme un oiseau. La graphie de cette phrase, je n’ai pas le droit de la reproduire. Mireille a tracé sa phrase en lettres fines puis a repassé sur elle d’un trait plus ferme et plus déterminé, pensive pensante, comme disaient les troubadours. Sans autre commentaire ici, on a un accès vertigineux à l’enfermement dans lequel elle s’était mise et qui n’eut pour elle qu’une issue. Il en sera parlé ailleurs. Comme de la prison qui détient ses textes inédits.

4 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Cette phrase de Mireille, si vous l'aviez lue quand elle a été écrite, quand Mireille était vivante, l'auriez-vous interprétée de la même façon ? L'auriez-vous trouvée "glaçante", lui accordant "seulement de vivre quelques jours"?

    Question amicale qui, je l'espère, ouvrira le débat sur le problème du sens que nous donnons aux mots de ceux qui ne sont plus là.

    Alice

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  2. Puisque personne ne répond à Alice, même pas le maître de ce blog, Alice dit à Alice :
    "Laisse tomber, tout le monde s'en fout"
    Alice

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  3. Et puisque, encore, personne ne répond, je persiste : pourquoi ce silence ? pourquoi tous ces non-dits autour de Mireille Sorgue ? Pourquoi écrivez-vous "JE" ("n'ai pas le droit d'en parler") alors que le message est signé du nom d'une association ? En quoi la phrase de Mireille donne-t-elle un "accès vertigineux à l'enfermement [...]". Quel enfermement ? Et quelle "prison" ? Quand, enfin, cessera-t-on de dire les choses sans les dire ? Est-ce bien courageux ? Comment voulez-vous que les lecteurs s'y retrouvent ? 45 ans de mystère, d'allusions, de cachotteries, de on dit les choses sans les dire tout en les disant, basta ! Une seule voix claire, nette, énergique, s'est élevée, celle de François Solesmes. C'est donc à cette voix, et à elle seule, que nous croyons aujourd'hui.
    "Il en sera parlé ailleurs", écrivez-vous. Au futur. Futur à court terme ? Futur à moyen terme ? Futur à long terme ?
    Et ce "ailleurs", où est-il ?

    Alice

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    Réponses
    1. Merci Alice pour cette belle colère à laquelle j'adhère ! Oui, quand cesseront ces propos venimeux et cachotiers ? Je suis d'accord avec vous, je n'aime pas ce je qui ne se dit pas clairement. Mireille Sorgue mérite mieux que cela.

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